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L’entrée dans la modernité philosophique avec la pensée cartésienne constitue un tournant philosophique majeur qui aura des répercussions considérables et au premier chef dans le champ social et politique – répercussions dont nous sommes toujours les héritiers. Mais c’est d’abord comme réponse à une crise sans précédent qui touche aussi bien le domaine scientifique que la religion, l’épistémologie que l’économie et surtout la représentation que les hommes se font d’eux-mêmes et du monde, que surgit ce qui va ouvrir un nouvel horizon : le « cogito » cartésien. Il s’agit pour nous de comprendre en quoi ce concept résolument moderne qu’est le cogito permet de rendre compte de ce que l’histoire de la philosophie nomme Modernité. Or le cogito porte en lui une ambivalence qui structurera le champ politique des Lumières à aujourd’hui : s’il peut être interprété comme sujet universel rationnel et autonome, il le sera également comme « individu ». Dès lors toute la modernité sera traversée par la tension entre l’individu particulier et le sujet universel. Nous voulons montrer en quoi cette tension est structurante de l’époque moderne, et combien elle continue d’éclairer les débats actuels, notamment autour de la crise démocratique, de la représentation et de l’identité.