Programme de Philosophie

Blaise Pascal est un monstre sacré de la philosophie. On connait son fameux pari (stupide selon Jacques Prévert), ses exploits techniques (la machine à calculer), théoriques (pression atmosphérique, probabilités, géométrie) ou sociaux (invention des moyens de transports partagés), et sa lucidité (place du divertissement, primat de la force sur la justice). En définitive, qu’est-ce que Pascal nous propose ? Des thèses ? Une vision désabusée ? Une mystique ? Des « pensées » ? Ou… un art de penser? A travers l'évocation de "thèmes pascaliens" rebattus, on essaiera de saisir les présupposés de la démarche pascalienne et d'en montrer l'actualité.

La guerre s’appréhende avec angoisse, se vit dans l’anxiété et l’horreur, se raconte par l’héroïsme ou l’absurde. Mais est-il possible de la penser ? Le choc des intérêts, le bruit des armes, la propagande, la violence et la volonté de survivre permettent-ils la réflexion philosophique ? Sans doute, mais à condition de poser des questions inconfortables.

La question de l’identité a envahi notre agenda individuel et collectif. Troubles de l’identité personnelle, malaise dans l’identité nationale, incertitude de l’identité européenne, chocs des civilisations, conflits des générations, guerre des genres, … L’impératif du « connais-toi toi-même » que la philosophie réservait jadis aux plus sages des sages est devenue une exigence commune et générale. Avec, en outre, ce paradoxe : sécurisées à l’extérieur par les protections médicales, civiles et sociales, nos existences d’individus contemporains sont exposées à une forme d’insécurité intérieure. Car les questions — « Qui suis-je ? », « Qui sommes-nous ? » — sont redoutables quand viennent à manquer les ressources de la tradition, du cosmos ou du divin. Comment tenter d’y répondre sereinement à l’âge hypermoderne ? Ou serions-nous voués aux guerres des identités ?

Depuis qu’au cinquième siècle, saint Augustin a inauguré un genre littéraire radicalement neuf, celui de la confessio, la littérature s’est emparée de toutes les possibilités que cet espace ouvrait – des confessions les plus sincères aux textes les plus manipulateurs, dont les auteurs mentent sans cesse à eux-mêmes autant qu’à leurs lecteurs. Ce sont ces textes, qui témoignent de la manière dont l’esprit humain affronte ou refuse d’affronter sa culpabilité, que ce cycle de conférences explore.

Marx est sans conteste l’auteur qui a le plus marqué la compréhension de l’histoire. L’idée que l’infrastructure commande la superstructure et que la dynamique économique est le moteur du processus historique est même entrée dans le sens commun. Cette fortune du théoricien du capitalisme a relégué dans l’ombre le philosophe de l’histoire que Marx a d’abord été. Or si Marx a renversé l’idéalisme hegelien en matérialisme, c’est en lui qu’il a trouvé sa première impulsion. Mais jusqu’où est allée cette rupture ? Jusqu’à quel point l’analyse de la dynamique révolutionnaire du capitalisme est-elle restée tributaire d’une philosophie de l’histoire empruntant à Hegel sa structure fondamentale ?

« Deux choses remplissent le cœur d’une admiration et d’un respect toujours nouveaux : le ciel étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi. » Peu de philosophes dans l’histoire ont atteint la grandeur d’Emmanuel Kant. Auteur des trois grandes Critiques — Critique de la raison pure, Critique de la raison pratique et Critique de la faculté de juger — il a profondément renouvelé notre manière de penser la connaissance, la morale et le jugement esthétique. Son œuvre marque un tournant décisif dans l’histoire de la pensée. Avec la rigueur d’un grand pédagogue, soucieux de tout justifier, il formule une proposition majeure : l’inconditionnalité de la moralité, inséparable de l’affirmation de notre liberté.

N’y a-t-il pas une tension contradictoire entre pleurer et philosopher ? Le temps des pleurs n’est-il pas autre que celui de la pensée ? Ne convient-il pas que le philosophe tienne passions et émotions à distance pour les comprendre, et se garde des larmes ? Il sait bien que les affects peuvent tromper la raison et qu’en société, les pleurs servent la rhétorique émotionnelle propre à un groupe. Dans ces trois séances nous montrerons pourtant que les larmes, qu’elles soient de tristesse, de deuil, de honte, de colère, de joie, irriguent la pensée. Elles l’affectent, l’humilient et l’élargissent. Elles ne sont pas seulement un relais de la pensée lorsque celle-ci se trouve débordée par les affects, elles ne sont pas le dehors de la raison. Les pleurs la suspendent, l’interrompent, la relancent. Ils la contraignent à l’hésitation, au doute mais aussi à la gratitude voire à l’anticipation d’un bonheur à venir. Nous pleurons notre impossible toute-présence à l’événement, le contretemps dans lequel il nous faut vivre, celui de la mémoire comme de l’anticipation. Mais dans le temps où nous pleurons, cette coïncidence impossible nous est pourtant mystérieusement donnée. Nous la nommons alors consolation, réconciliation, contact, vérité. Les pleurs rappellent la non-coïncidence de nos pensées au réel, elles mettent au jour le raté qui fonde notre existence pour lui redonner sa chance. C’est de ce paradoxe qu’il sera question.

Dans L’Esprit des lois, Montesquieu érige le concept de despotisme en catégorie politique à part entière. En proposant une définition originale de la liberté politique comme « opinion que l’on a de sa sûreté », il met en exergue ses conditions institutionnelles.

Cet ensemble de trois cours, destiné à donner une introduction à la philosophie américaine « classique » (1860-1920), sera centré autour de trois figures majeures du pragmatisme.